
Au quotidien, les situations relevant de l’illettrisme et de troubles des apprentissages chez les adultes peuvent prêter à confusion ou mériter des éclaircissements.
Bien qu’il soit possible d’identifier des points communs entre ces deux conditions, une réflexion autour des causes et de leurs manifestations respectives demeure essentielle pour l’identification des facteurs de risques et d’association.
Proposée par le CREPA et co – animée par Véronique VANDAELE, une action a été menée pour permettre d’éclairer les participants sur les similitudes et les différences entre les situations d’illettrisme et celles liées aux troubles des apprentissages afin de mieux les comprendre et pouvoir agir en conséquence.
L’objectif était dans un premier temps de connaître ce qu’est l’illettrisme ET la dyslexie pour mieux les discerner, pour pouvoir, dans, un second temps, comprendre ces phénomènes pour mieux agir face aux personnes concernées.
Les définitions
L’illettrisme
Situation d’une personne de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant été scolarisée en langue française, ne parvient pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de la vie quotidienne, et/ou ne parvient pas à écrire pour transmettre des informations simples.
Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc.
Les résultats de l’enquête Insee d’avril 2024 mettent en évidence que 10% des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.
Parmi celles qui ont débuté leur scolarité en France, 4% sont en situation d’illettrisme. Cela représente environ 1.400.000 personnes.
En Occitanie, 7% des 18-65 ans ayant été scolarisés en France sont en situation d’illettrisme (soit 240 000 personnes) (
La dyslexie
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage lu et écrit, qui apparaît chez l’enfant et l’adolescent. Elle est d’origine neuro- développementale.
Le trouble peut se traduire à des degrés divers par des difficultés à épeler les mots, lire vite, écrire, lire à haute voix ou bien comprendre ce qui est lu.
La dyslexie toucherait selon les estimations entre 5 et 15 % des enfants, et environ 5 % de la population générale. Ainsi, chaque classe compterait en moyenne un enfant dyslexique. Les garçons sont plus touchés que les filles et la dyslexie est plus fréquente dans les pays où la langue est difficile. Elle concerne tous les milieux sociaux.
Les autres troubles d’apprentissage
– Dysorthographie. Trouble d’acquisition de l’orthographe.
– Dyscalculie. Trouble des activités numériques.
– Dysphasie. Trouble du langage oral.
– Dyspraxie. Trouble développemental de la coordination
Les troubles « Dys » se distinguent des troubles du développement intellectuel et des troubles du spectre de l’autisme
Les causes
L’illettrisme
Bien que souvent invisible, l’illettrisme représente un défi sociétal majeur qui nécessite l’engagement de tous.
Les causes sont multiples et souvent cumulées dans l’histoire d’un individu.
Passés scolaires difficiles, contextes sociaux défavorables à la maîtrise des savoirs de base, ruptures familiales, problèmes de santé, ou encore, représentations culturelles de l’apprentissage, effritement des compétences de base lorsqu’elles ne sont pas suffisamment utilisées sont autant de causes possibles, d’autant que la société exige de plus en plus de compétences liées à l’information écrite et les places de travail ne demandant pas l’utilisation de l’écrit se font de plus en plus rares.
La dyslexie
Aucune cause évidente ne permet aujourd’hui d’expliquer la survenue de la dyslexie. L’enfant naît dyslexique, et ne le devient pas à cause de son environnement ou d’une méthode spécifique de lecture.
Néanmoins, 50 % des personnes dyslexiques ont des antécédents familiaux, ce qui suggère une prédisposition génétique à la dyslexie.
Plusieurs études sont menées dans le but de déterminer les gènes impliqués dans cette transmission génétique. De nombreux chercheurs évoquent par ailleurs un dysfonctionnement des réseaux cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons et de la parole).
Les conséquences
L’illettrisme
L’illettrisme peut entraîner des répercussions significatives sur la vie personnelle, professionnelle et citoyenne des personnes :
développement d’un sentiment de dévalorisation de soi ;
– difficultés à communiquer, à s’exprimer, à échanger ;
– difficultés à utiliser des biens et des services, à accéder aux soins, au logement ;
– difficultés à accéder à l’information, à construire de nouvelles connaissances ;
– difficultés à accéder à l’emploi, à faire face aux changements dans son entreprise ;
– difficultés à participer à la vie sociale et culturelle.
Malgré ces déficits, les personnes en situation d’illettrisme ont acquis de l’expérience, une culture et un capital de compétences en ne s’appuyant pas ou peu sur la capacité à lire ou écrire.
Les conséquences de l’illettrisme évoluent avec les transformations sociétales, notamment avec les avancées technologiques. L’utilisation croissante d’outils numériques dans la vie quotidienne constitue un défi supplémentaire. On parle alors d’illectronisme.
La dyslexie
La sévérité et l’impact de la dyslexie sur le quotidien du patient sont très variables d’une personne à l’autre.
Cependant, généralement, les premiers signes de dyslexie surviennent dès les premiers apprentissages du langage écrit et de la lecture.
Les principales manifestations de la dyslexie sont :
– une difficulté à identifier les mots,
– une difficulté pour lire sans erreur et de manière fluide,
– une difficulté à découper les mots dans une phrase,
– une lenteur exagérée de la lecture,
– une difficulté à comprendre un texte,
– une écriture lente, difficile et parfois illisible,
– de nombreuses fautes d’orthographe,
– une fatigabilité importante lors de la lecture et de l’écriture.
Les remèdes
Contre l’illettrisme
Agir contre l’illettrisme, c’est permettre à chacun d’acquérir ou de réacquérir des compétences de base en lecture, en écriture et en calcul, nécessaires aux actes simples de la vie quotidienne
Des solutions existent, on peut réapprendre quel que soit son âge. Pourtant, le pas à franchir pour s’engager dans une telle démarche semble d’abord insurmontable pour les personnes concernées.
Différents champs d’interventions possibles :
-La Prévention : 1. Accompagnement scolaire – Lutter contre l’échec scolaire pour les Jeunes scolarisés
– Accès à la qualification – Repérer et accompagner des jeunes pour publics en risque d’exclusion scolaire
– La sensibilisation à l’illettrisme de tous les acteurs accueillants ou accompagnants
-L’Animation socio-culturelle
Contre la dyslexie
Les personnes porteuses de ces troubles « Dys » présentent de forts risques en termes de décrochage et d’échec scolaire ainsi que des difficultés d’insertion professionnelle et sociale.
Ces risques peuvent être atténués par un diagnostic aussi précoce que possible et par une prise en charge adaptée, cette dernière devant être fondée sur une concertation entre professionnels de santé, enseignants, famille et enfant ou adulte autour d’un projet partagé à dimension thérapeutique, éducative et pédagogique adapté à chaque situation.
Le bilan orthophonique est l’examen de base à partir duquel découle l’élaboration d’un projet thérapeutique pluridisciplinaire adapté
L’accompagnement peut être :
-Rééducation orthophonique : apprentissages /compensation
-A l’école ou au travail, la personne porteuse de DL/DO est en situation de double tâche ou surcharge cognitive chaque fois qu ’elle doit lire ou écrire.
→La mise en place d’aménagements permet de réduire ou éviter la double tâche