L’illettrisme et ses multiples facettes

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Description

Les nouvelles données 2024 sur l’illettrisme, avec la publication de l’enquête Formation tout au long de la vie (FLV) (Insee Première n° 1993, avril 2024), et les résultats de la première grande enquête menée en Occitanie (Illettrisme, illectronisme et pauvreté en Occitanie, avril 2024) donnent un nouvel éclairage sur les situations d’illettrisme que les CRIA exposent dans ce dossier.

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Depuis 2011, aucune enquête nationale sur l’illettrisme n’avait été menée en France.
En 2024, deux travaux voient le jour : d’une part une enquête nationale, actualisant les données sur les fragilités en compétences de base et, d’autre part, une enquête en Occitanie, qui propose pour la première fois un zoom régional sur la question. Ces approches complémentaires offrent un éclairage sur les multiples dimensions de l’illettrisme et les défis spécifiques à différents territoires.

Selon les données de l’ANLCI, 10,5% des 18-64 ans en France sont en grande difficulté avec les compétences de base, ce qui représente environ 3,7 millions de personnes. Parmi elles, 4% (soit 1,4 million) sont en situation d’illettrisme[1], et 9% (3,2 millions) souffrent d’innumérisme[2].
Ces problématiques touchent particulièrement les plus âgés (45 ans et plus), les personnes sans diplôme, et celles résidant en zones rurales ou dans des quartiers de politique de la ville.
Les femmes sont majoritaires parmi les personnes en difficulté, mais sont surtout affectées par l’innumérisme.
En termes d’impact, ces lacunes compromettent fortement l’autonomie administrative : seulement 61% des personnes concernées effectuent des démarches en ligne, contre 85% pour les autres. Les populations touchées, bien que certaines soient en emploi (rappelons que 55% des personnes en difficulté sont actives), occupent principalement des postes peu qualifiés. La précarité sociale, (allocataires du RSA ou familles monoparentales notamment), semble doubler le risque d’être en grande difficulté avec les compétences de base.

En Occitanie, le taux d’illettrisme atteint 7%, soit environ 240 000 personnes, tandis que l’illectronisme[3] affecte 4 % de la population, soit 130 000 personnes. Ce phénomène est accentué dans les ménages modestes, où le risque d’illettrisme est multiplié par trois.
Contrairement à la tendance nationale, le taux d’illettrisme est plus élevé chez les hommes (8%) que chez les femmes (6%). Les populations âgées et les non-diplômés restent les plus touchés, mais les jeunes de 18-25 ans sont aussi particulièrement vulnérables, représentant 9% des cas. Par ailleurs, la moitié des personnes concernées occupent des postes peu qualifiés, souvent dans des communes de taille moyenne, où l’illettrisme est le plus prévalent.

À l’échelle nationale comme en Occitanie, les publics les plus exposés sont ceux en situation de précarité économique, avec des conséquences similaires sur l’accès à l’emploi, l’autonomie numérique, et la vie sociale. Cependant, l’Occitanie affiche un taux d’illettrisme réellement supérieur à la moyenne nationale et un profil de genre inversé avec davantage d’hommes affectés. Ces résultats soulignent l’intérêt d’actions ciblées et adaptées aux spécificités régionales, sans effacer la nécessité d’initiatives nationales à grande échelle.

[1] Il est important de distinguer l’illettrisme (qui concerne les personnes relevant des degrés 3 et 4 du cadre de référence), de la fragilité en compétence de base (qui concerne les degrés 1et 2 de ce même cadre)

[2] L’innumérisme désigne une difficulté importante ou une incapacité à utiliser les compétences de calcul de base nécessaires dans la vie quotidienne. Cela inclut des activités telles que faire des opérations simples, comprendre des proportions ou manipuler des concepts numériques élémentaires

[3] L’illectronisme désigne la difficulté ou l’incapacité à utiliser les outils numériques à cause d’un manque de connaissances techniques, une barrière liée à la littéracie, ou les deux.

Le terme d’illettrisme englobe le public scolarisé en langue française qui n’a pas assimilé ou qui a perdu ses acquisitions faites à l’école. L’analyse de ce fait permet d’entrevoir les causes et les conséquences multiples et souligne la complexité du problème.
A la question: qui sont les illettrés ? La définition ne suffit pas à saisir ce public.

Anne Vinérier dans « Combattre l’illettrisme, permis de lire, permis de vivre…. » basé sur la récolte de témoignages d’apprenants,  nous fait part de son analyse des publics (chap 3) et des profils de l’illettrisme (chap 4).
Cet article est une illustration sous forme de carte mentale du point de vue de l’autrice.
Elle prend comme point de départ 3 critères :
– Le passé
– La formation
– Les conditions de vie


Elle recense trois publics différents pour chacun des critères. Cette nomenclature lui sera utile pour déterminer le profil des individus.
Après lecture de la carte mentale vous pourrez mieux saisir sa classification des profils cités ci-dessous:

Fonctionnement du choix du profil :
Si le total du critère 1 ≥ 7 = profil A – EXCLUSION
Si total du critère 2 ≥ 7 = profil B – MARGINALITE
Si total du critère 3 ≥ 7 = profil C – INSERTION

=> Consulter la carte mentale analyse des publics

 

Profil A / EXCLUSION

– Marqué par l’échec
– Toute proposition de formation est rejetée ou contournée
– Absence de motivation
– Société hostile
– Installation dans la survie
– Difficultés de communication, peut s’exprimer de façon agressive
– L’insertion professionnelle n’est pas un objectif majeur
– Fort sentiment d’insécurité qui peut freiner lors des apprentissage s’il rentre en formation par l’accompagnement d’un médiateur
– Points de repère liés à l’instant et non au travail, la famille, la vie sociale
– Le désir d’insertion ne fait pas partie des possibles

Profil B / MARGINALITE – elle ne correspond pas à un choix / notion de marge recherchée par certain

– Personne entre l’inclusion et l’exclusion
– Peut basculer de l’insertion vers l’exclusion suite à une série d’événements stigmatisants
– Personne à la recherche d’autonomie
– Envie d’être insérée professionnellement et socialement
– La personne peut avoir des liens familiaux et sociaux
– L’individu compose avec son illettrisme en faisant appel à un tiers
– La demande de formation est lente, elle nécessite un élément déclencheur (enfant, permis)
Une fois en formation
– Personne consciente de ses difficultés en lecture, écriture et calcul
– Nécessité d’un groupe restreint
– Cherche à communiquer
– Besoin de retrouver une confiance en elle et d’être soutenue
– Vise l’autonomie au quotidien
– La personne détient des moteurs d’apprentissage mais ils restent fragiles

Profil C / INSERTION

– Personne déjà insérée dans la société
– Travaille
– Vit en famille
– Communique avec son environnement
– S’intéresse à l’actualité
– L’individu à conscience de ses savoir-faire et de ses manques
– Elle a connaissance d’une formation qui correspond à ses besoins et son niveau
– A dépasser la gène de mal lire, écrire
– Trouve de la part de son entourage l’encouragement nécessaire
– Personne motivée qui s’engage dans la durée
– Voit les progrès réalisés et vise de nouveaux besoins
– Ses nouveaux acquis sont réutilisables dans la vie quotidienne
Ce profil est présent partout , il est repérable dans les entreprises (postes sans qualification). Il fait partie des premiers licenciés économiques.

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Le terme « illettrisme » suggère généralement des difficultés en lecture / écriture. Pourtant, les problématiques rencontrées par les personnes dites « en situation d’illettrisme » sont bien plus diverses et impactent de nombreux domaines de leur vie.

L’ANLCI (Agende Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme) en donne la définition suivante :

« Être confronté à l’illettrisme, c’est avoir de grandes difficultés pour lire, écrire, calculer, utiliser le numérique, dans des situations simples de la vie de tous les jours.

C’est une situation qui concerne des personnes qui ont été scolarisées en langue française et qui, arrivées à l’âge adulte, ne parviennent pas pour autant à être autonomes avec l’écriture, la lecture, avec les outils numériques dans des situations simples de la vie quotidienne. »

Ces personnes peuvent également rencontrer des difficultés dans le repérage espace / temps, la prise de parole, l’autonomie dans les démarches administratives ou professionnelles, le raisonnement logique et bien sûr la confiance en soi.

« Bien que souvent difficile à identifier, l’illettrisme peut se révéler à travers certains signes. Ces indices, concrets et observables, peuvent aider à identifier les difficultés rencontrées et permettre de proposer des solutions adaptées pour accompagner ces personnes dans la ré-acquisition des compétences de base. » (id.)

Ainsi, accompagner des personnes vers une sortie de l’illettrisme va toucher à de nombreux domaines de compétences, appelées également savoirs de base ou compétences clés ou encore socles de connaissances.

Bien sûr il va s’agir d’arriver à déchiffrer – et comprendre ! ou remplir des écrits simples de la vie quotidienne (panneaux indicateurs, courriers de rdv, ordonnance, carnet scolaire des enfants, publicités…) ou professionnelle (consignes de sécurité, cahiers de liaison, tableaux d’activité…), mais aussi d’apprendre à maîtriser des savoirs mathématiques permettant d’être en capacité de gérer son argent et son budget (depuis rendre la monnaie jusqu’à envisager un emprunt) ou comprendre des consignes techniques (ordres de grandeur, calculs, proportions…).

Se repérer dans l’espace et le temps, c’est savoir se situer dans la chronologie des événements pour pouvoir construire son CV ou envisager plusieurs rdv dans la même journée, la même semaine, tenir un agenda… Comprendre un plan de ville, de métro, une plaquette horaire de bus, construire un itinéraire… Ces apprentissages peuvent aller de pair avec le développement du raisonnement logique (concevoir, abstraire, avoir des notions de catégories…).

Maîtriser l’outil informatique fait partie maintenant des incontournables pour toutes les démarches d’accès aux droits : CAF, impôt, France Travail, carte grise…

On ne pense pas souvent à la compétence en expression orale, pourtant essentielle lors d’un entretien d’embauche ou pour défendre ses droits syndicaux. Savoir argumenter, expliciter, raconter… tout cela s’apprend.

Ces exemples de compétences ne sont pas exhaustifs. Au-delà des (ré)apprentissages de compétences concrètes et pratiques, ce dont il s’agit surtout, c’est de redonner confiance à la personne dans ses capacités et de l’accompagner vers l’autonomie. Les personnes en situation d’illettrisme ont toutes développé ce qu’on appelle des « stratégies de contournement », c’est à dire des aptitudes à gérer toutes sortes de situations malgré leurs difficultés en lecture ou mathématiques ou repérage espace / temps etc. La moitié de ces personnes est en emploi, beaucoup d’entre elles ont le permis de conduire… Elles ont souvent développé une excellente mémoire visuelle ou auditive, des tactiques de mémorisation, de repérage… sur lesquelles elles peuvent s’appuyer dans leurs nouveaux apprentissages.

Il s’agit d’accompagner vers la sortie de la dépendance au tiers (conjoint, enfant, assistant social…), vers l’accès à l’information, à la culture et à la connaissance, à la vie citoyenne… au « pouvoir agir sur sa situation », comme l’écrit le collectif belge Lire et Ecrire :

« […] accéder à l’information – ou à une information diversifiée, contradictoire, permettant l’analyse – et pouvoir accéder à la connaissance pour mieux comprendre le monde et son environnement sont aujourd’hui des enjeux essentiels, tant pour les formateurs que pour les apprenants. Il s’agit de pouvoir se situer dans un environnement social et politique, mais aussi technologique, dans un contexte d’évolution rapide. »

« Mais il ne s’agit pas uniquement de savoir lire ou remplir certains documents, il s’agit aussi, au-delà du vécu, de comprendre de quoi il retourne et de pouvoir agir sur sa situation, ce qui implique que nous travaillions également dans nos actions d’alphabétisation sur le large champ de la connaissance de ses droits et des fonctionnements de la justice, de la santé, des syndicats…et d’analyse des mécanismes socio-économiques qui régissent la société et induisent les exclusions »(https://lire-et-ecrire.be/Qu-est-ce-que-l-alphabetisation)

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Au quotidien, les situations relevant de l’illettrisme et de troubles des apprentissages chez les adultes peuvent prêter à confusion ou mériter des éclaircissements.

Bien qu’il soit possible d’identifier des points communs entre ces deux conditions, une réflexion autour des causes et de leurs manifestations respectives demeure essentielle pour l’identification des facteurs de risques et d’association.

Proposée par le CREPA et co – animée par Véronique VANDAELE, une action a été menée pour permettre d’éclairer les participants sur les similitudes et les différences entre les situations d’illettrisme et celles liées aux troubles des apprentissages afin de mieux les comprendre et pouvoir agir en conséquence.

L’objectif était dans un premier temps de connaître ce qu’est l’illettrisme ET la dyslexie pour mieux les discerner, pour pouvoir, dans, un second temps, comprendre ces phénomènes pour mieux agir face aux personnes concernées.

Les définitions

L’illettrisme

Situation d’une personne de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant été scolarisée en langue française, ne parvient pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de la vie quotidienne, et/ou ne parvient pas à écrire pour transmettre des informations simples.

Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc.

Les résultats de l’enquête Insee d’avril 2024 mettent en évidence que 10% des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.

Parmi celles qui ont débuté leur scolarité en France, 4% sont  en situation d’illettrisme. Cela représente environ 1.400.000 personnes.

En Occitanie, 7% des 18-65 ans ayant été scolarisés en France sont en situation d’illettrisme (soit 240 000 personnes) (

La dyslexie

La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage lu et écrit, qui apparaît chez l’enfant et l’adolescent. Elle est d’origine neuro- développementale.
Le trouble peut se traduire à des degrés divers par des difficultés à épeler les mots, lire vite, écrire, lire à haute voix ou bien comprendre ce qui est lu.
La dyslexie toucherait selon les estimations entre 5 et 15 % des enfants, et environ 5 % de la population générale. Ainsi, chaque classe compterait en moyenne un enfant dyslexique. Les garçons sont plus touchés que les filles et la dyslexie est plus fréquente dans les pays où la langue est difficile. Elle concerne tous les milieux sociaux.

 Les autres troubles d’apprentissage
– Dysorthographie. Trouble d’acquisition de l’orthographe.
– Dyscalculie. Trouble des activités numériques.
– Dysphasie. Trouble du langage oral.
– Dyspraxie. Trouble développemental de la coordination

Les troubles « Dys » se distinguent des troubles du développement intellectuel et des troubles du spectre de l’autisme

Les causes

L’illettrisme

Bien que souvent invisible, l’illettrisme représente un défi sociétal majeur qui nécessite l’engagement de tous.
Les causes sont multiples et souvent cumulées dans l’histoire d’un individu.
Passés scolaires difficiles, contextes sociaux défavorables à la maîtrise des savoirs de base,  ruptures familiales, problèmes de santé, ou encore, représentations culturelles de l’apprentissage, effritement des compétences de base lorsqu’elles ne sont pas suffisamment utilisées sont autant de causes possibles, d’autant que la société exige de plus en plus de compétences liées à l’information écrite et les places de travail ne demandant pas l’utilisation de l’écrit se font de plus en plus rares.

La dyslexie

Aucune cause évidente ne permet aujourd’hui d’expliquer la survenue de la dyslexie. L’enfant naît dyslexique, et ne le devient pas à cause de son environnement ou d’une méthode spécifique de lecture.
Néanmoins, 50 % des personnes dyslexiques ont des antécédents familiaux, ce qui suggère une prédisposition génétique à la dyslexie.
Plusieurs études sont menées dans le but de déterminer les gènes impliqués dans cette transmission génétique. De nombreux chercheurs évoquent par ailleurs un dysfonctionnement des réseaux cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons et de la parole).

Les conséquences

L’illettrisme

L’illettrisme peut entraîner des répercussions significatives sur la vie personnelle, professionnelle et citoyenne des personnes :
développement d’un sentiment de dévalorisation de soi ;
– difficultés à communiquer, à s’exprimer, à échanger ;
– difficultés à utiliser des biens et des services, à accéder aux soins, au logement ;
– difficultés à accéder à l’information, à construire de nouvelles connaissances ;
– difficultés à accéder à l’emploi, à faire face aux changements dans son entreprise ;
– difficultés à participer à la vie sociale et culturelle.

Malgré ces déficits, les personnes en situation d’illettrisme ont acquis de l’expérience, une culture et un capital de compétences en ne s’appuyant pas ou peu sur la capacité à lire ou écrire.

Les conséquences de l’illettrisme évoluent avec les transformations sociétales, notamment avec les avancées technologiques. L’utilisation croissante d’outils numériques dans la vie quotidienne constitue un défi supplémentaire. On parle alors d’illectronisme.

La dyslexie

La sévérité et l’impact de la dyslexie sur le quotidien du patient sont très variables d’une personne à l’autre.
Cependant, généralement, les premiers signes de dyslexie surviennent dès les premiers apprentissages du langage écrit et de la lecture.
Les principales manifestations de la dyslexie sont :
– une difficulté à identifier les mots,
– une difficulté pour lire sans erreur et de manière fluide,
– une difficulté à découper les mots dans une phrase,
– une lenteur exagérée de la lecture,
– une difficulté à comprendre un texte,
– une écriture lente, difficile et parfois illisible,
– de nombreuses fautes d’orthographe,
– une fatigabilité importante lors de la lecture et de l’écriture.

Les remèdes

Contre l’illettrisme

Agir contre l’illettrisme, c’est permettre à chacun d’acquérir ou de réacquérir des compétences de base en lecture, en écriture et en calcul, nécessaires aux actes simples de la vie quotidienne
Des solutions existent, on peut réapprendre quel que soit son âge. Pourtant, le pas à franchir pour s’engager dans une telle démarche semble d’abord insurmontable pour les personnes concernées.
Différents champs d’interventions possibles :
-La Prévention : 1. Accompagnement scolaire – Lutter contre l’échec scolaire pour les Jeunes scolarisés
Accès à la qualification – Repérer et accompagner des jeunes pour publics en risque d’exclusion scolaire
La sensibilisation à l’illettrisme de tous les acteurs accueillants ou accompagnants
-L’Animation socio-culturelle

Contre la dyslexie

Les personnes porteuses de ces troubles « Dys » présentent de forts risques en termes de décrochage et d’échec scolaire ainsi que des difficultés d’insertion professionnelle et sociale.

Ces risques peuvent être atténués par un diagnostic aussi précoce que possible et par une prise en charge adaptée, cette dernière devant être fondée sur une concertation entre professionnels de santé, enseignants, famille et enfant ou adulte autour d’un projet partagé à dimension thérapeutique, éducative et pédagogique adapté à chaque situation.

Le bilan orthophonique est l’examen de base à partir duquel découle l’élaboration d’un projet thérapeutique pluridisciplinaire adapté

L’accompagnement peut être :
-Rééducation orthophonique : apprentissages /compensation
-A l’école ou au travail, la personne porteuse de DL/DO est en situation de double tâche ou surcharge cognitive chaque fois qu ’elle doit lire ou écrire.
→La mise en place d’aménagements permet de réduire ou éviter la double tâche

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Le CRIA 34 a organisé en novembre 2024 une rencontre se saisissant du thème de la parentalité comme tremplin pour de nombreux apprentissages dont bien sûr ceux des savoirs de base et de la langue française.

Cette rencontre a permis à plus de 45 acteurs du territoire issus du monde de l’éducation / formation, de l’inclusion socioprofessionnelle, du travail social et de la santé, de découvrir et d’échanger autour des démarches, des dispositifs et des actions s’appuyant sur la parentalité qui étaient mises en œuvre sur notre territoire par différents organismes et structures que le CRIA avait invité.

Ce rendez-vous a été l’occasion de souligner un levier important et puissant sur le plan motivationnel pour les publics concernés dans la question de la levée des freins sur les compétences de base (https://cria34.fr/actu/2024/11/rencontre-departementale-la-parentalite-un-levier-puissant-pour-les-apprentissages/).

En effet, si l’on considère la personne en fragilité avec les savoirs de base ou la langue française dans une approche globale, ou plus exactement multidimensionnelle, et non uniquement dans la visée d’une injonction fonctionnelle d’insertion socioprofessionnelle par exemple, ce ressort de la « parentalité » peut même s’avérer comme la source première d’un processus de changement chez la personne concernée.

Anne Vinérier, dans son ouvrage « Combattre l’illettrisme »[i], notait que l’entrée au CP d’un enfant faisait partie de ces éléments déclencheurs importants pour qu’une demande de formation aux savoirs de base, souvent latente, voit le jour. Et ce, sans recourir à un long argumentaire pour convaincre l’intéressé.e de redevenir acteur de son propre devenir face aux compétences de base ainsi qu’à toute une maïeutique pour éclairer cette décision « d’entreprendre de réapprendre ». Comme si cela allait de soi malgré tous les freins.

Certes, on ne sort pas indemne d’un apprentissage, on s’y risque toujours un peu, mais on peut bénéficier d’une entrée valorisante dans ce dernier : c’est un changement intime lié au regard de l’enfant qui s’appuie sur des ressorts affectifs et motivationnels réels et éprouvés qui est alors proposé dans ce parcours d’apprenant et de parent. Sur ces ressorts de parentalité, renouer avec les savoirs de base ou rencontrer la langue du pays d’accueil, s’accompagnent alors d’une « évidence » qui amoindrit très souvent les appréhensions. C’est un changement où la réciprocité occupe des voies et voix principales. A cet égard, sur la question de la « réciprocité », le dispositif académique « Ces élèves (qui) nous élèvent » mis en place depuis 2018 est très instructif (https://youtu.be/g4Afo1–jRo?si=9JRQ4qoTj0ZvBxRx)

Cet axe de la parentalité dans les actions d’accompagnement peut permettre de réduire les distances d’avec l’objet d’apprentissage notamment :

  • En contextualisant les apprentissages en question dans des situations de communication vécues (participer à des activités ludiques, sportives, culturelles avec ses enfants, avec d’autres parents, accompagner la scolarité de ses enfants…),
  • En réintroduisant la dimension subjective, affective et expressive dans les activités langagières et en proposant aussi une entrée hédonique (par désir/plaisir) dans l’acte d’apprendre.

La parentalité devient alors un vaste espace de jeu où jouent plus facilement, au sens de « évoluent plus facilement », dans et par le langage, un plus grand ensemble de pièces du « je ».

Des actions sur les territoires

Comme l’a rappelé Mme Papelard c’est l’intention de favoriser au mieux les apprentissages des enfants allophones scolarisés qui a vu la création d’un dispositif accompagnant les parents en fragilité notamment sur la connaissance du monde scolaire et les habiletés langagières en français… (« Ouvrir l’École aux Parents pour la Réussite de l’Enfant »). Restructuré dans l’Hérault, ce dispositif est une offre qui va encore se développer et qu’il convient de mieux connaître (https://www.ac-montpellier.fr/eleves-allophones-ou-issus-de-familles-itinerantes-122873). Dans notre académie toujours et aussi porté par le CASNAV, des dispositifs de « médiation scolaire inclusive » pour les publics éloignés de l’école, du livre et de la lecture (les enfants des bidonvilles), ont obtenu des réussites en matière de scolarisation et d’acquisition des savoirs de base. Comme a pu le souligner M. Bernard, c’est à l’aide d’un dialogue constant et d’une relation de confiance autour de cette question de la parentalité que se sont appuyées les différentes actions ainsi que sur l’encouragement et l’adhésion des familles au dispositif.

Né du salon du livre de jeunesse de Montreuil, le programme « Des livres à soi » soutenu par la DRAC et porté à Montpellier depuis plusieurs années par les associations Odette Louise et La Boutique d’écriture, n’imagine pas l’accès au livre et à la lecture sans associer la famille aux actions à travers un ensemble d’ateliers où se tisse la belle histoire des mots partagés entre parents et enfants (https://slpj.fr/actions/des-livres-a-soi/) Mmes Fréby et Huguenin l’ont évoqué et Mme Bourayou, parent participant au programme, l’a brillamment illustré par son témoignage.

Mme Joulié de l’ANLCI est venue dire l’importance de ce thème dans la lutte contre l’illettrisme. Les « Actions Educatives Familiales » et surtout le tout nouveau dispositif « Familire » qui centre en effet less démarches sur des ateliers de soutien à la parentalité, des ateliers d’apprentissage des compétences numériques de base et des activités socioculturelles pour étayer la confiance en soi des jeunes parents participants https://www.anlci.gouv.fr/ressources/familire-agir-avec-les-familles/

Enfin, à Montpellier, le dispositif Place aux Parents porté par l’INSTEP Occitanie et coordonné par Mme Callay a quant à lui contribué à lever des freins de garde d’enfant en collaboration avec les parents primo-arrivants / réfugiés et leur a proposé un apprentissage de la langue contextualisé, en lien avec la parentalité sur plusieurs thèmes : soi, la famille, l’alimentation, la santé et l’hygiène, l’éducation et la culture (https://www.instep-occitanie.fr/toutes-nos-formations/competences-linguistiques/place-aux-parents/)

Cette rencontre proposée par le CRIA a permis de prendre pleinement la mesure du levier de la parentalité dans les dynamiques d’apprentissage des compétences de base. RENCONTRE DEPARTEMENTALE PARENTALITE 19 nov MTP CRIA 34 Programme et présentation intervenants.  Nul doute que des suites permettront au CRIA de revenir sur ce thème au regard des savoirs de base, d’en visiter les outils et les ressources sur notre territoire.

[i] Combattre l’illettrisme, permis de lire, permis de vivre, guide pratique et méthodologique éd. L’Harmattan, Paris, 1994

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