Les dynamiques de parcours

  • Les dynamiques de parcours

Description

Qu’il s’agisse d’apprentissage de la langue à des personnes de langue étrangère ou d’accès aux savoirs de base, les dynamiques de parcours insufflées dans la chaine des interlocuteurs intervenant auprès de ces publics prennent des formes multiples que les CRIA illustrent dans ce dossier.

Se rencontrer pour mieux coordonner les parcours

Le paysage en Lozère

En Lozère, les parcours linguistiques FLE et accès aux savoirs de base, encore peu nombreux il y a quelques années, se sont petit à petit multipliés et mieux répartis sur le département.

Ainsi au départ, seuls les sites de Mende et Marvejols accueillaient les formations OFII A1. Ces dispositifs ont pu être déployés à partir de 2019 sur St Chély d’Apcher puis en 2023 sur le secteur de Langogne, afin de s’adapter aux nouveaux flux migratoires, demandeurs d’asiles et réinstallés.

Des financements de l’Etat permettent à quelques structures associatives (CIDFF, Foyer rural de Florac) de proposer une offre complémentaire.

Des associations caritatives ou collectifs de bénévoles se sont mobilisés un peu partout sur le territoire pour accompagner les personnes étrangères dans leur apprentissage du français en attendant une entrée en parcours OFII ou un déménagement. Car, en Lozère,  les distances et l’absence de transport en commun rendent complexe l’accès aux formations…

Mais toutes ces initiatives n’étaient pas forcément connues les unes des autres. Aussi la coordination et le suivi des apprenants dans leur parcours ont longtemps été décousus, avec des périodes importantes de latence d’une action de formation à une autre.

Rôle du CRIA dans la dynamique

Le CRIA 48, présent sur le département depuis 2015 a, parmi ses missions, celle de recenser et rendre lisible toute l’offre de formation FLE et savoirs de base. Ce premier travail a déjà pu apporter un peu de clarté et de connaissance mutuelle entre les différents opérateurs.

Mais cela restait encore très théorique, c’est pourquoi à partir de 2022, le CRIA 48 a organisé, avec l’appui de la DDETSPP, une rencontre annuelle (devenue biannuelle en 2023) d’information et de coordination autour des parcours linguistiques FLE / Savoirs de base, réunissant à la fois les opérateurs proposant des dispositifs (de droit commun ou complémentaires) et les acteurs sociaux prescripteurs ou susceptibles d’orienter les publics. A cette rencontre a également été associée l’Agence Lozérienne de Mobilité pour son expertise quant aux solutions de mobilité, question qui reste compliquée sur notre territoire.

Ainsi les différents acteurs ont pu faire réellement connaissance les uns avec les autres, être informés sur l’ensemble de l’offre disponible, poser des questions pratiques, évoquer des situations problématiques et tenter d’harmoniser des calendriers qui parfois se chevauchaient.

Cette année, le travail et les échanges se poursuivent avec succès puisque cette rencontre sera intégrée à la Commission technique du programme AGIR (Accompagnement Global et Individualisé des Réfugiés) du mois de septembre, commission qui réunit déjà régulièrement tous les acteurs concernés.

On peut d’ores et déjà noter une bien meilleure connaissance mutuelle des intervenants et des dispositifs. La Lozère ne dispose à ce jour pas de Plateforme d’Accueil, d’Evaluation et d’Orientation, mais les structures et intervenants sociaux chargés de l’accompagnement des publics sont à présent mieux informés des dispositifs mobilisables, des calendriers et des opérateurs à contacter pour orienter les apprenants. Les parcours sont davantage fluides et mieux coordonnés qu’auparavant.

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Ceregard au service des dynamiques de parcours sur le territoire du Gard

L’apprentissage d’une langue, indispensable pour l’insertion socio-professionnelle est un processus long et non-linéaire.  Il est dit que pour une personne scolarisée dans son pays d’origine, le niveau B1 (niveau d’utilisateur indépendant) en français nécessite entre 350 et 400 heures d’apprentissage.  Selon les territoires, il existe une multiplicité de dispositifs et de structures qui proposent des actions d’apprentissage de la langue et qu’il est difficile de différencier.
Pour les apprenants et leur référent de parcours, tout l’enjeu consiste donc à faire en sorte que le parcours d’apprentissage soit cohérent et dans la mesure du possible sans interruption. Sensibiliser à cette vigilance fait pleinement partie des missions de Ceregard, qui s’y emploie de plusieurs manières :  par la mise en place de toute une dynamique territoriale, ainsi que par le biais de son dispositif départemental d’évaluation linguistique, la Plateforme Linguistique.

Parmi ses actions, Ceregard organise sur chacun des territoires du Gard, des « Journées linguistiques territoriales », auxquelles sont conviés les différents acteurs des dispositifs d’apprentissage de la langue et des compétences de base, ainsi que les différents prescripteurs et référents de parcours (France Travail, Mission Locale, référents RSA, travailleurs sociaux etc). L’objectif de ces rencontres est que soient réunis autour d’une table tous les professionnels dits du « premier cercle » des personnes en difficulté avec le français, pour que chacun prenne connaissance de l’existence des différents dispositifs et de leurs spécificités, ainsi que du public auquel ils s’adressent (il est notamment utile de faire se rencontrer les porteurs associatifs et les organismes de formation, qui ont peu l’occasion d’êtres réunis mais ont pourtant tout intérêt à connaître leur existence respective du point de vue du parcours de l’apprenant).

Dans un second temps, l’idée est cette fois que se rencontrent les porteurs de dispositifs et les professionnels dits du « 2ème cercle » des personnes en besoin d’apprentissage de la langue (écrivain public, médiateur numérique, médiathécaire etc..), car ceux-ci n’ont pas toujours conscience du rôle qu’ils peuvent jouer dans la mise en parcours. Ils sont souvent le premier pas dans la porte, mais, du fait de leur éloignement du champ de l’apprentissage du français et/ou des compétences de bases, et de leur méconnaissance de l’offre existante, ils ne s’emparent pas toujours de la question. Ces rencontres permettent de donner un sens à leur implication et de les éclairer sur la cartographie du territoire.

La Plateforme Linguistique est elle aussi un moyen de favoriser la transmission de cette vigilance du parcours auprès des acteurs. En effet, elle apporte aux publics accueillis sa connaissance des dispositifs et structures des territoires via un bilan diagnostic et une préconisation de parcours adapté. Un suivi à 6 mois permet de vérifier l’entrée effective en formation mais également de proposer une suite de parcours, restant ainsi présente à chaque point étape de l’apprentissage vers l’autonomie.

Une autre façon de favoriser la fluidité des parcours est de proposer à des structures des interventions en interne auprès de groupes d’apprenants. Un bilan permet d’une part, de se porter garant de l’évaluation en fin de cycle pour les publics et d’autre part, d’assurer une suite de parcours. Ainsi, la Plateforme de Ceregard intervient par exemple en fin d’année dans des structures porteuses d’Ateliers Socio-Linguistiques, et informe les apprenants et leurs formateur-trices des possibilités qui s’offrent à eux à la sortie des ASL.

Enfin, pour les publics non éligibles à un accueil direct, la Plateforme Linguistique propose un appui à l’orientation aux référents de parcours, grâce à un questionnaire de premier niveau, pour fournir des pistes d’orientation vers les dispositifs linguistiques. Le principe de suivi de parcours reste le même que pour les publics cible : les conseillères peuvent être sollicitées à chaque point d’étape de l’apprentissage de la langue.

Pour conclure, la mission de cartographie de l’offre de formation portée par Ceregard se construit en permanence par des allers-retours entre les besoins des publics, les besoins des acteurs, et les mises à jour que ces derniers apportent au sujet de l’offre (nouvelle prestation mise en place, places vacantes au sein d’un dispositif, etc). Cette offre est présentée tout au long de l’année à l’occasion de sessions animées par Ceregard et également via la lettre d’information mensuelle du Centre Ressources.

 

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Chemin(s) de professionnalisation 

Sur la question des publics en fragilité avec les savoirs de base et la langue française, le CRIA 34 a dès le début envisagé son offre d’accompagnement des acteurs dans une logique de parcours modulaire.
C’est avec l’ensemble de ces acteurs que nous avons validé un déroulement qui favorise une montée en compétences sur le sujet. C’est ce « chemin » central de professionnalisation, avec néanmoins quelques itinéraires « bis » pour élargir le paysage, qui a été fréquenté par près d’une centaine  d’acteurs sur le département 34.

En voici l’itinéraire :

 1ère étape : De quoi parle-t-on?
Partager une culture commune sur ces « fragilités », prendre la mesure des conséquences socioprofessionnelles et des incidences économiques et sociétales car de multiples représentations persistent sur les différentes situations. Cette approche globale vise à faire « résonance » chez les acteurs et à les inscrire dans le parcours. Nombreux ont poursuivi le chemin de la professionnalisation suite à cette sensibilisation.

2ème étape : Repérer et approfondir
S’atteler à la question d’un repérage plus précis des situations de fragilité dans les compétences de base, approfondir : cette étape permet de mieux déceler dans les récits des personnes et dans leurs attitudes même lors de l’entretien les freins ainsi que les besoins en autonomie, d’identifier les stratégies d’évitement et de contournement mises en place. Il s’agira aussi pour les acteurs de :

  • Connaitre les démarches et outils de repérage existants élaborés par des institutions, des acteurs de l’insertion ou de la formation (questionnaires, trames d’entretien etc.). En dégager les constantes, voir les transferts possibles dans leurs pratiques d’accompagnement.
  • Bien se représenter et opérer la distinction entre troubles du langage (les « DYS ») et les situations d’illettrisme: avec l’aide de professionnel, prendre connaissance d’éléments de comparaison des deux situations pour mieux orienter sur les différents parcours :  remédiation en savoirs de base / parcours thérapeutique de rééducation en orthophonie.

3ème étape : Accompagner: aborder la difficulté/ Etayer/ Rassurer/ Convaincre tout à la fois
Bien accueillir ces fragilités, aborder la problématique avec la personne, lever les freins et réticences, participer à la motivation pour l’entame d’un parcours, étayer un début de reprise de confiance, adopter la posture professionnelle pertinente dans cet accompagnement, développer le bon argumentaire. Une étape cruciale.

4ème étape : Faire relais/Orienter:
Une fois obtenue l’adhésion de la personne au projet de (ré)apprentissage, la proposition d’orientation est vitale. Le paysage des formations n’est pas toujours simple à décoder. Chaque dispositif a ses prérequis, ses typologies de publics, ses critères d’accès, ses démarches pédagogiques. Pour éviter des mises en échec (mauvaises orientations ou ruptures de parcours), il faut aider les acteurs à mieux connaître les solutions sur notre territoire, y compris celles de proximité. La bonne connaissance des offres nourrit aussi les argumentaires, permet de vaincre des réticences, liées le plus souvent à un vécu scolaire négatif voire douloureux pour certains.

Cette dynamique de parcours professionnalisant proposée par le CRIA 34 a permis à des acteurs d’horizons divers de s’approprier progressivement un sujet complexe, et pour certains autres de s’installer comme « référents » dans leur structure sur la question des publics en fragilité avec les savoirs de base et la langue française. Ils en sont les meilleurs témoins :

« En formation comme CIP, j’ai suivi les sensibilisations au repérage de l’illettrisme, les modules sur l’accompagnement des personnes concernées, sur les troubles « dys », et même des séances sur des outils pédagogiques pour les personnes en situation d’analphabétisme proposées par le CRIA. Tous ces thèmes s’éclairent l’un l’autre et m’ apportent aujourd’hui beaucoup dans l’accompagnement des bénéficiaires qui connaissent plusieurs situations de fragilité. » (Flavia Piscitello : Conseillère à l’emploi à Cap Emploi)

« J’ai intégré les formations du CRIA alors que, dans ma pratique, je rencontrais des obstacles pour accompagner mon public, d’une part par mon manque de connaissances induisant un défaut de repérage des personnes en situation d’illettrisme et par conséquent pour l’orientation de ces personnes vers des solutions adaptées, en réponse à un besoin, une envie lorsqu’ils étaient verbalisés.  Ce parcours m’a permis d’affiner et d’étayer mes connaissances pour un meilleur repérage et également d’obtenir un soutien indispensable de la part du CRIA lorsque cela s’est avéré nécessaire. Enfin une meilleure compréhension des problématiques rencontrées par mon public m’a amenée à devenir « référente illettrisme » au sein de l’association dans laquelle j’exerçais. J’ai donc pu être personne ressource pour mes collègues et les personnes accompagnées suite à ce parcours que je considère aujourd’hui comme une plus-value dans ma pratique professionnelle» (Aurore Duverger, à l’époque Référente Unique des parcours d’insertion des publics allocataires du RSA.)

 

Focus sur les actifs

« En France, 1,4 million de personnes ne maitrisent pas les compétences de base en lecture, écriture, calcul et numérique, après avoir pourtant été scolarisées. En raison de leurs difficultés, ces personnes ne peuvent pas être autonomes dans des situations simples de la vie courante. Et pourtant, plus de la moitié des personnes confrontées à l’illettrisme sont en emploi » (ANLCI).

L’illettrisme est un phénomène qui touche de nombreuses personnes et peut avoir un impact significatif sur l’insertion professionnelle. Les individus en situation d’illettrisme rencontrent des difficultés à comprendre des documents écrits, à rédiger des courriels ou à suivre des instructions, ce qui peut limiter leurs opportunités d’emploi et leur progression dans le monde du travail.

Pour favoriser l’insertion professionnelle des personnes illettrées,
il est essentiel de mettre en place des programmes de formation adaptés qui leur permettent d’acquérir les compétences nécessaires en lecture et en écriture.
De plus, les employeurs peuvent jouer un rôle clé en créant un environnement de travail inclusif et en offrant des formations qui tiennent compte des besoins spécifiques de ces personnes.

En somme, lutter contre l’illettrisme est crucial pour améliorer l’accès à l’emploi et favoriser une intégration réussie dans le monde professionnel.
Cela nécessite une collaboration entre tous les acteurs et partenaires qui accompagnent, orientent ou forment les publics en difficulté avec les savoirs de bases et/ou l’apprentissage de la langue française.

C’est dans ce contexte que Ressources & Territoires intervient sur l’ensemble de l’Occitanie et plus particulièrement sur l’ouest de l’Occitanie pour les missions liées à la Politique de la ville (CRPV) et à la lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme (CRIA).
Dans le cadre de ses missions CRIA, Ressources & Territoires propose des actions de formation notamment auprès des acteurs et des partenaires qui accompagnent et orientent les publics en insertion professionnelle.

R&T va à la rencontre des acteurs aux intersections de l’emploi, de l’insertion, de l’orientation et de la formation. Cela se traduit par plusieurs actions :
– La participation à la journée professionnelle du 3 octobre à la Médiathèque Cabanis de Toulouse : Agir ensemble contre l’illettrisme. Accompagner les actifs vers et dans l’emploi

– L’animation de journée de professionnalisation traitant de l’insertion professionnelle et des savoirs de base :

    • Illettrisme et insertion professionnelle. Aurore BARROT
    • Présentation et animation des outils pour l’insertion sociale et professionnelle. Sylvie DARRÉ
    • Accompagner la verbalisation des compétences avec les techniques de l’entretien d’explicitation. Marie-Hélène LACHAU.

– Une tournée départementale prévue pour le premier semestre 2025 en Occitanie ouest intitulée :
« Insertion professionnelle et savoirs de base contextualisés ».

Savoirs de base contextualisés
Les savoirs de base contextualisés jouent un rôle essentiel dans l’insertion professionnelle.
Ils englobent des compétences fondamentales telles que la lecture, l’écriture, le calcul, ainsi que des compétences sociales et numériques. En les adaptant à des situations concrètes du monde du travail, ces savoirs permettent aux individus de mieux comprendre les exigences de leur futur emploi.

Par exemple, savoir lire et interpréter des documents professionnels, rédiger des courriels clairs ou encore utiliser des outils numériques sont des compétences cruciales dans presque tous les secteurs. De plus, le développement de compétences interpersonnelles, comme le travail en équipe et la communication, est tout aussi important pour s’intégrer efficacement dans un environnement professionnel.

La société ne cesse de se complexifier: alors qu’un ouvrier travaillant sur un chantier il y a quinze ans n’avait pas forcément besoin de savoir lire des consignes ou saisir des données sur des tablettes, il est maintenant appelé à maîtriser l’écrit et les technologies de l’information et de la communication. Si d’un côté les exigences augmentent, de l’autre côté peu de moyens sont investis pour adapter les compétences des individus ayant un bagage scolaire insuffisant.
Force est de constater qu’en intégrant ces savoirs de base dans des formations ou des programmes d’accompagnement, on favorise non seulement l’employabilité des individus, mais aussi leur confiance en eux et leur capacité à s’adapter aux évolutions du marché du travail. Cela crée un cercle vertueux où les compétences acquises renforcent l’insertion professionnelle et, par conséquent, la réussite personnelle et professionnelle.

Acquérir ou consolider le socle des savoirs de base en français, mathématiques et informatique permet de favoriser l’insertion professionnelle, sociale et citoyenne.

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