Alphabétisation : la posture du formateur
Qu’entend-on par « alphabétisation » ?
Au premier abord, ce terme évoque bien sûr l’alphabet, donc la lecture et l’écriture, les bases, dira-t-on… Les compétences de base, ce sont également le calcul, la numératie, le repérage dans l’espace et le temps, la maîtrise du numérique… qui nous permettent d’être autonomes dans notre vie quotidienne.
Certains adultes, pour diverses raisons, n’ont pas eu accès à la scolarité ni l’occasion ou la possibilité d’acquérir ces compétences dans leur enfance. C’est à eux que s’adressent les ateliers d’alphabétisation.
Le formateur, la formatrice en alphabétisation, se trouvent donc dans la situation de transmettre à des adultes, « les bases », habituellement enseignées sur un parcours de plusieurs années à des enfants : cela change tout ! Le temps disponible pour l’apprentissage est considérablement réduit (au mieux quelques heures par semaine, entre le travail, les enfants, la gestion du quotidien…) et impacté par la charge mentale de la vie d’un adulte. En outre, les capacités d’apprentissage s’amoindrissent souvent avec l’âge.
De là découlent des priorités dans les objectifs et les enjeux de l’apprentissage :
« L’alphabétisation n’est pas une fin en soi. Il s’agit toujours d’apprendre à lire pour : pour aider les enfants, pour trouver du travail, pour sortir de chez soi, pour entrer dans la société, mais aussi pour se débrouiller seul, pour être libre, pour mieux comprendre le monde, pour aller voter, pour savoir se défendre…, comme nous le disent les apprenants.
Alphabétiser, c’est donner des outils – parmi d’autres – pour comprendre le monde, pour s’y situer, pour développer ses capacités d’analyse et de réflexion critique, pour y agir socialement, économiquement, culturellement et politiquement. »
(Lire-et-Ecrire.be : qu’est-ce que l’alphabétisation ?)
Le formateur ou la formatrice vont adapter leurs outils et supports d’apprentissage aux adultes qu’ils accompagnent : ils vont s’appuyer sur des méthodes pour adultes (et non pas celles utilisées pour les enfants) et des documents authentiques en lien direct avec les situations et démarches de la vie quotidienne des apprenants (démarches administratives, recherche d’emploi, suivi scolaire des enfants et lien avec l’école, vie associative et culturelle… Voir également les objectifs du CECRL en compétences écrites pour le niveau A1).
Au-delà, citons à nouveau Lire et Ecrire :
« Être formateur…
… C’est partir des savoirs et compétences des personnes pour, avec elles, ouvrir des portes qui mènent non seulement à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais aussi à une réflexion critique sur la société qui nous entoure pour, ensemble, la transformer.
… C’est promouvoir des pédagogies où apprenants et formateurs construisent ensemble de nouveaux savoirs qui débouchent sur plus d’autonomie, plus d’analyse et plus d’engagement citoyen. »
« Être formateur en alphabétisation, c’est un métier à la croisée de plusieurs chemins…
Le formateur en alphabétisation ne pourra atteindre ses objectifs, soit amener des personnes à s’alphabétiser, qu’en étant aussi un animateur, un pédagogue, un agent de changement… De plus il peut parfois être aussi amené à accueillir et orienter les personnes analphabètes. Il s’agit de former un acteur social capable de monter, gérer, animer et évaluer des actions d’alphabétisation avec des personnes en exclusion économique, sociale et culturelle. »
« Être formateur [c’est] être capable de construire ses outils et d’adapter sa méthodologie en fonction du public. Cela nécessite une formation spécifique, des capacités relationnelles et pédagogiques, un questionnement et une recherche permanente. » Pour en savoir plus : https://lire-et-ecrire.be/